Baby-sitting en Irak
J’avais été
frappée l’été dernier d'entendre Hillary Clinton expliquer dans une conference
que les Irakiens tenaient « la crédibilité américaine en otage ». Il était temps de leur expliquer que les
« forces américaines ne seraient pas toujours là pour accommoder leur
déni ».
C’est devenu une
nouvelle ligne chez les démocrates.
Pour pouvoir
justifier un départ d’Irak sans parler de défaite américaine (qui voudrait d’un
parti de défaitistes ?), les démocrates (parfois les républicains, mais
eux ont les démocrates à blâmer) font porter le chapeau aux Irakiens. Grosso
modo : on n’a plus rien à faire là-bas puisqu’ils persistent à continuer leur
guerre civile.
Sur MSNBC l’autre
jour, j’entendais le chroniqueur politique Mike Barnicle s’indigner. Il fallait selon lui
que le gouvernement «fasse comprendre au gouvernement qu’on n’allait pas
rester là à jouer les baby-sitters». Le démocrate ex faucon devenu
anti-guerre John Murtha s’exclamait vendredi dans les débats à la Chambre que « ce
qu’on essaie de faire avec cette loi, c’est de forcer les Irakiens à se battre
dans la guerre qui est la leur ». Et au Sénat, le démocrate Carl Levin expliquait
quelques jours plus tôt qu’il était « temps que le Congrès explique aux Irakiens
que c’est leur pays ». Et en réclamant un calendrier de départ d’Irak,
cela enverra « une bonne dose de réalité aux leaders Irakiens ». Les Irakiens n’ont vraiment pas le sens des réalités...
mars 28, 2007 | Permalink | Commentaires (3) | TrackBack
Quand les semelles de plomb s'organisent
Difficile de
suivre la politique française quand on est loin. Alors que les médias, même
américains, soulignent que de plus en plus de Français s’apprêtent à voter
Bayrou, mes sondages personnels représentatifs de pas grand-chose semblent
pointer vers l’émergence d’un nouveau groupe d’électeurs, les « je ne
supporte pas Ségolène mais… » (avec quelques variantes plus sophistiquées
comme « je pense voter Ségolène Royal dès le premier tour même si la
gauche autoritaire n'est pas ma tasse de thé »)
Les JNSPSM auraient
peut-être intérêt à s’organiser, comme l’avaient fait en 2004 les «Kerry
Haters for Kerry». Le groupe avait
fait un sacré travail répertoriant les meilleurs éditos de ceux qui soutenaient
Kerry à contre-cœur. Leur site avait même une « panic room » où les électeurs de Kerry qui ne supportaient pas Kerry, et n’osaient pas le
dire à leurs proches de peur qu’il perde des électeurs, pouvaient aller vider
leur sac. « Pour se sentir mieux sans démoraliser la base ».
Le dernier post,
quelques jours après les élections, est particulièrement savoureux. « Toute
la communauté des Kerry Haters for Kerry se sent envahie d’un mélange d’angoisse
et de soulagement, autrement dit grosso modo la même chose que ce que nous
aurions éprouvé s’il avait gagné. Peut-être dans des proportions différentes.»
mars 25, 2007 | Permalink | Commentaires (7) | TrackBack
Le post plein aux as du Vendredi
Pour en finir une bonne fois pour toutes avec la mode des bons plans, vous pouvez souscrire à Pocket Change NYC, le site internet qui vous alertera régulièrement sur les adresses où vous pourrez payer plus, vraiment plus. Vous trouverez dans les archives l’adresse du restaurant avec la pomme de terre au four la plus chère de New York.
Ils n’ont pas encore donné l’adresse de Nino’s Bellissima Pizza et sa pizza à 1000 dollars (du caviar à la place de la sauce tomate, du homard à la place de la mozzarella) servie depuis la semaine dernière. New York avait déjà inventé l’omelette à 1000 dollars (des œufs à la place de la pâte à pizza) et le sundae à 1000 dollars (de l’or à la place du caviar et du homard).
A se demander s’il n’y aurait pas un curieux cap psychologique à l’assiette à plus de 1000 dollars.
Add 24/03 : A propos de plein aux as, le New York Times, dans un article sur le baby-boom des riches à Manhattan donnait les revenus médians des foyers de Manhattan où vivent des enfants blancs de moins de cinq ans : 284.208 dollars annuels.
mars 23, 2007 | Permalink | Commentaires (47) | TrackBack
A bicyclette et à dollarette
Jamais la
course au fric n’aura commencé aussi tôt et aussi fort dans une élection
présidentielle américaine. Pas un jour sans une conférence, dîner, ou gala au
profit d’un des prétendants de 2008. Les Clinton, maîtres en la matière, ont encore
réussi à renouveler le genre. Jeudi, Bill ira parler politique de santé dans une salle de
gym de Manhattan à des New Yorkais pédalant sur des vélos d’appartement. Le
prix de la location de vélo pour ce cours spécial : 2300 dollars. (A ce prix là, est-ce qu'il ne vaut mieux pas acheter un vélo avec des roues ?)
Curieusement, ces
cours où l’on pédale sur des vélos sans roue s’appellent « spinning » ,
tout comme l’art en politique de marteler un même message quels que soient les
faits.
mars 20, 2007 | Permalink | Commentaires (75) | TrackBack
La presse américaine m'épate
J’avais aujourd’hui
un rendez-vous téléphonique avec Sara. Nous devions parler de sa fille Suzanne.
C’était pour un (petit) article que je prépare pour le magazine Jasmin. Nous
devions parler des problèmes d’harcèlement sexuel dans l’armée américaine.
En deux mots :
l’an dernier, Suzanne a déserté deux jours avant son deuxième déploiement en
Irak, essentiellement au souvenir des pressions qu’elle avait subies
pendant son premier séjour en Irak. Elle a été arrêtée par la police ensuite et
a passé 21 jours dans une prison militaire.
Et voilà que
dimanche, arrive le New York Times magazine. En couverture : une grande enquête
sur les femmes qui participent à la guerre en Irak. En photo : Suzanne. L’article
est à peu près trente fois plus long que celui que je dois écrire. Une de ses vastes fresques de la presse magazine américaine qui vous fait d’abord
chercher un canapé confortable avant d’attaquer la lecture. Sara Corbett, la
journaliste explique qu’elle s’est intéressée au sujet il y a trois ans. La
mère de Suzanne, qui comme moi a été épatée par ce travail, m’a dit avoir été
en contact régulier avec elle depuis le mois de juin. On retrouve la
journaliste avec la mère et la fille dans la chambre de motel dans l’Etat de
Washington, rendant visite à des femmes GIs dans le Colorado, dans une clinique
pour anciens combattants de Californie…
Je ne sais pas ce
qu’internet réserve à l’avenir de la presse écrite, mais j’espère que des
médias continueront à avoir les moyens de ces grandes enquêtes.
mars 20, 2007 | Permalink | Commentaires (2) | TrackBack
Pour en finir avec les voleurs de couverture
Vous avez vu cet article du New
York Times ? De plus en plus de couples mariés font chambre à part. C’est plus confortable. On n’est pas réveillé par les
ronflements. On peut envoyer des emails au milieu de la nuit. L’article cite
une étude de la National Association of Homes Builders qui prédit que d’ici
2015, 60 % des maisons auront des doubles chambres conjugales.
J’étais déjà tombée sur ces draps qui se
séparent en deux. Comme dit le slogan de leur fabricant, « Say goodbye to sleep competition ! »
mars 13, 2007 | Permalink | Commentaires (6) | TrackBack