L'affreux destin de la femme de 40 ans diplômée
Avez-vous déjà entendu dire qu'une femme célibataire de 40 ans a plus de chance d'être tuée par un terroriste que de se marier ? Cette statistique qui circule ici aux Etats-Unis m'avait toujours étonnée. Non pas parce que je pensais que les quadragénaires avaient beaucoup de chance (statistique, s'entend) de se marier, mais parce que j'étais convaincue qu'elles en avaient très peu de mourir dans un attentat terroriste.
Cette référence tourne depuis 20 ans. Newsweek avait alors
fait sa couverture sur une grande enquête : « The Marriage Crunch. »
L’article disait que les femmes blanches et diplômées qui ne s’étaient pas
mariées avant 30 ans avaient très peu de chance de le faire après. 20 % pour les célibataires
de 30 ans. 5 % pour celles de 35 ans. Et pour celles de 40 ans et plus, on
tombait au « minuscule 2,6 % », elles avaient
« plus de chances de mourir tuées par un terroriste. » La phrase,
devenue célèbre a alimenté tout un business de livres, d’ateliers et conférences « comment trouver un mari après 35 ans ».
Vingt ans, plus tard, Newsweek
refait sa une sur le sujet et avoue avoir mal compté. Huit des onze femmes
mentionnées dans l’article sur lesquelles le magazine a remis la main se sont
mariées. Selon les chiffres du bureau du recensement de 1996, une célibataire
de 40 ans a désormais 40,8 % de chance de se marier.
Je suis prête à attendre encore une vingtaine d’années pour connaître les statistiques sur
les morts des femmes célibataires de plus de 40 ans dans des attentats
terroristes.
mai 30, 2006 | Permalink | Commentaires (12)
Le blog qui tient ses promesses
Roberto appuie sur le klaxon .
mai 29, 2006 | Permalink | Commentaires (8)
Loisaida
Loisaida, c'est le surnom de l'Avenue C à New York. Ca vient de "Lower East Side", prononcé avec l'accent porto-ricain.
Aujourd'hui, il y a block party sur Loisaida et Roberto a garé sa voiture.
Demain en exclusivité sur ce blog, Roberto appuiera sur le klaxon.
mai 29, 2006 | Permalink | Commentaires (2)
Film Gore
« Si, vas-y, faire un film avec un diaporama de 90 minutes, c’est une idée brillante » m’avait encouragé un collègue. Je n’avais plus le choix: j’avais réservé ma place pour « The Inconvenient Truth » sur Internet. Le groupe anti-Bush MoveOn avait organisé une campagne pour que le plus de gens possibles aillent voir le film sur la croisade d’Al Gore contre le réchauffement de la planète dès sa sortie et je n’avais pas trouvé de siège hier.
La forme du film est
indigeste au possible : une présentation qui n’est même pas powerpoint, avec
des graphiques et des avant/après aussi sophistiqués que ceux que montrent des
gens en blouse blanche dans les pubs de dentifrice. Entre deux histogrammes
effrayants et des animations d’ours polaires qui n’ont même plus de bout de
banquise pour se poser, on voit Gore en espèce de vendeur de parapluie tirer sa
valise à roulettes dans les aéroports, avec ses slides dans son ordinateur sur
lequel il tapote tout seul dans sa chambre d’hôtel. Ca vous donne plutôt moins
envie d’être vice-président que la photo ci-dessus. Sans compter les
autodistractions (« qu’est-ce qu’il a grossi… ») contre lesquelles il
faut lutter en permanence ( « concentre toi plutôt sur le réchauffement de
la planète. »)
« The Inconvenient
Truth » arrive pourtant à être saisissant, en particulier quand Gore
dénonce la manière avec laquelle le gouvernement actuel a réussi à créer
l’impression que le réchauffement de la planète ne serait qu’une théorie
sujette à débats. Malgré cet invraisemblable mode de narration, nous avions assise derrière nous une
dame qui criait des « oh my god… » et des « waouh… » comme
si nous allions rattraper les gangsters d’une minute à l’autre.
Pour expliquer
l’apathie de l’opinion face au réchauffement de la planète, Gore montre une grenouille
que l’on plonge dans de l’eau très chaude. Elle bondit immédiatement hors de
l’eau. Installer la grenouille dans l’eau froide et faites doucement grimper la
température et elle n’en sortira pas à moins d’être secourue. (Le film montre une
grenouille dessinée. Aucun batracien n’a été blessé pour la rédaction de ce
post).
mai 26, 2006 | Permalink | Commentaires (12)
Joshua
Sur cette photo
ratée, Joshua et Alison devant la porte du trailer où vit Joshua, dans le
quartier d’Arabi, juste à la sortie de la Nouvelle Orléans. Depuis mon
dernier passage, les trailers de la FEMA (les urgences fédérales) sont enfin
arrivés à la Nouvelle Orléans, juste à temps pour se demander qu’en faire à
l’approche de la nouvelle saison des ouragans attendue dans une semaine. C’est
la mère de Joshua qui a décidé de décorer le trailer.
Ils sont
quasiment les seuls du quartier, à vivre là devant leur maison à l’abandon, au
coin de deux rues encore détruites. Joshua m’a expliqué où et quels jours,
on servait des repas gratuits dans le quartier. En bavardant, je me suis
rappelée que j’avais laissé la voiture au milieu de la rue. « Pas la peine
de la bouger, elle ne risque pas de bloquer la circulation, regardez » me
dit Alison, l’amie de la mère de Joshua venue garder le gamin. Effectivement,
une maison s’est écrasée au milieu. Depuis neuf mois, elle coupe la rue.
Joshua qui a huit
ans m’a dit que pour réparer la sienne, il faudrait 134.000 dollars. J’étais
étonnée de la précision de son chiffre. « Enfin, beaucoup d’argent ». Il m’a montré jusqu’où sur le toit l’eau était montée. Je leur
ai demandé ce qu’ils avaient réussi à récupérer. Une bague de sa mère m’a dit Alison.
« Et une araignée grosse comme ça avec un bébé araignée sur son dos »
m’a dit Joshua.
mai 24, 2006 | Permalink | Commentaires (10)
Derrière la porte
En poussant la
porte du lycée Abramson à la Nouvelle Orléans, on est pris par l’odeur. On avance dans un couloir jonché de bouquins, de débris tout mou. La
ligne de stagnation des eaux, comme partout en ville, le long des murs. Du mobilier
renversé par les eaux dans certaines salles, curieusement en place dans d’autres. La salle
des ordinateurs tout neufs, fierté de l'école.
Et les dossiers
scolaires de 1700 élèves. C’est un petit groupe de bénévoles qui tentait d’en
dégager quelques uns samedi.
Neuf mois après Katrina.
mai 22, 2006 | Permalink | Commentaires (3)
Soirée électorale
22h. Dans une grande salle du Marriott, se prépare une "victory party" pour le maire Ray Nagin. (Ca ne veut rien dire des résultats, une autre victory party se trame à quelques rues pour Mitch Landrieu.)
Il y a des ballons, des caméras et des gens avec des t-shirts "Ray The Man !" Des écrans de télé sont allumés dans la salle sur des chaînes différentes. Au début du dépouillement, Landrieu avait 54 % des votes et on entendait tout juste les musiciens qui répétaient. Même les bruits de fourchettes sonnaient triste. Tout à coup, des hurlements, puis des danses et des tralalas. Les télés de l'avant de la salle branchées sur la chaîne locale de Fox donne 54 % des votes à Nagin. Pendant ce temps, celles de l'arrière de la salle, sur une chaîne, placent Nagin à 48 %. Malgré le buffet du fond, ses ailes de poulet grillées et ses empanadas, toute la salle s'est déplacée d'un blogc et suit maintenant les élections sur les télés de l'avant, celles qui ont les bonnes nouvelles.
Ici : une manif d'"électeurs déplacés"venus de Houston
mai 21, 2006 | Permalink | Commentaires (5)
Maire de poche
Dans une boutique de la Nouvelle Orléans, j’ai trouvé hier un petit maire
de poche. C’est un petit boîtier à six boutons qui jouent chacun les célèbres
phrases indignées du maire Ray Nagin après Katrina. (« When things go bad,
he goes mad » dit l’emballage). Il y a notamment sa célèbre sortie, quand
il demande au gouvernement de se bouger les fesses (traduction approximative). Les
élections municipales se tiennent aujourd’hui à la Nouvelle Orléans et ça n’est
pas exactement dans la poche pour le maire Nagin. Si son adversaire Mitch
Landrieu était élu, la Nouvelle Orléans aurait son premier maire blanc en 30
ans.
mai 20, 2006 | Permalink | Commentaires (3)
Petits plaisirs décadents
Ca y est, j’y ai goûté : le hamburger au foie gras ! C’est une des
spécialités du Boulud Café. Comme je le craignais, il y avait plutôt plus de
viande hachée que de foie gras mais c’est infiniment meilleur que le
Whopper de Burger King.
Ce n’est pas la première fois qu’un restaurant new yorkais s’attaque aux plaisirs régressifs. Dès son ouverture à New York, Ducasse a servi du « macaroni and cheese » (un indispensable de la vie étudiante) et un restaurant ne proposant que des « mac ‘n cheese » se prépare à côté de chez moi. Deux rues plus loin, un bar à vin du quartier propose des tartines de nutella. Dix minutes plus au sud, Rice to Riches ne sert que des riz au lait et j’ai lu quelque part que Chicago comptait maintenant un restau-fast-food de céréales. J’attends le grand chef qui offrira des chariots de berlingots de lait concentré sucré.
mai 18, 2006 | Permalink | Commentaires (9)
La stache
Rappelez-vous, c’est ici que vous l’aviez lu ! Le retour de la moustache.
Hier soir, se tenaient à New York les championnats du poil facial. Dans la
foule, il y avait Jay, le documentariste qui cherche désespérément à vendre son
film. Curieusement, personne ne semble s’intéresser à un long métrage qui
suit des porteurs de moustache pendant un mois. Pourtant Jay en parle
bien : « dès que vous avez une moustache, il faut s’attendre à des
commentaires, les femmes qui vous demandent quand est-ce que vous allez vous
raser, les gens qui vous disent que vous ressemblez à leur oncle ou à une star
du porno… » A vrai dire, il n’y avait pas beaucoup de purs moustachus dans
l’assistance hier soir, la plupart portaient aussi un petit bouc, et ça, Jay
n’aime pas. Il dit qu’il faut « des couilles pour porter la stache »
(lui dit « the stache » parce qu’il parle anglais), que c’est
l’essence de la masculinité.
Avant la compétition, un petit film a été projeté sur grand écran. Des
images entre autres de Clark Gable, Samuel Jackson, Johnny Depp, Frida Kahlo et
Saddam Hussein avec une musique qui chantait « you are sooo
beautifuuuuuul ». Le film s’est terminé par un gros plan sur Tom Selleck et
toute la salle a crié d'émotion. Il a reçu un « life achievement award. »
La compétition en elle-même était découpée en trois phases, « barbes », « moustaches » et « free-style. » Pendant la manche barbe, il y a eu un moment très étonnant : entre deux gros barbus façon ZZtop ou le père-noël, un petit gringalet avec un peu de duvet sur les joues et un t-shirt Disneyland s’est présenté sur la scène. Dommage qu'il ait été sifflé, c'’était très courageux de sa part. J’ai, en revanche, eu le plaisir de voir Hans (dossard 304 sur la photo) gagner la catégorie « free-style. » Je l’avais vu devant le club en arrivant.
A mon avis si ce candidat s'était présenté en free-style, Hans aurait eu du souci à se faire.
mai 17, 2006 | Permalink | Commentaires (2)