Je n'avais pas mon appareil photo mais vous pouvez me croire quand même
Le clochard qui fait la manche à l'angle de M Street et Wisconsin à Washington porte un carton "Brad and Angelina are having a baby and I need money for the gift".
avril 30, 2006 | Permalink | Commentaires (4)
Il n'y a pas que le procès Moussaoui au tribunal d'Alexandria
Au 10ème étage, ont lieu
régulièrement des cérémonies de naturalisation de nouveaux citoyens américains.
Tout à coup, on les voit sortir par flots, de toutes les couleurs, le rectangle de papier à la main,
dans l’autre un petit drapeau américain, gais comme des pinsons. Comme ce
couple dont les bouches sont restées collées bien plus longtemps que ne le veut l'usage.
avril 29, 2006 | Permalink | Commentaires (10)
La religion pour se blinder de la religion
Parmi les 23 circonstances atténuantes qu’étudient les jurés du procès
Moussaoui, la quinzième me semble assez révélatrice des différences d’approche
de la religion en France et aux Etats-Unis. Elle dit à peu près, « sa
mère ne l’ayant pas exposé à des occasions d’éducation ou de pratique
religieuse, il n’a pas eu les bases théologiques et intellectuelles nécessaires
pour pouvoir résister à la propagande des fondamentalistes ». Moussaoui a effectivement découvert l’Islam à
24 ans. Marc Sageman, le chercheur psychiatre et sociologue qui a bâti une
base de données de terroristes relève que seuls 13 % d’entre
eux avaient bénéficié d’une éducation religieuse, et arrive à la conclusion que
« les madrasas protègent du fondamentalisme. »
avril 28, 2006 | Permalink | Commentaires (12)
Coloriage
J’étais ce matin à la Cour suprême pour des auditions ayant traité aux
exécutions par injection. C’était la première fois que j’y allais. Je me suis
assise à côté d’une dame aux paupières maquillées en vert métallisé. C’était la
dessinatrice. Incroyable, figurez vous qu’elle est mariée avec un des dessinateurs du
procès Moussaoui (la justice, ce sont aussi des hommes et des femmes). En
attendant l’arrivée des juges, je contemplais les marguerites sculptées du
plafond quand elle m’a demandé si je connaissais Todd Doss, l’avocat du
condamné à mort. « Vous savez s’il est noir ? » J’étais surprise
par sa question. En fait, elle avait déjà une planche complète de la
Cour : les rideaux de velours bordeaux, la grosse horloge qui pendouille,
le drapeau américain dans un coin, et même les neuf juges de la Cour (ils ne
changent pas de place, on nous avait même donné un petit carton avec le plan de
table) alors que leurs fauteuils étaient encore vides. Un avocat, en costume
évidemment, debout, était dessiné au crayon. Ne restait plus qu’à lui colorier
la tête. Dessinateur de la Cour suprême, à part les jours de visites d’Anne
Nicole Smith, ça doit être un métier à peu près aussi excitant que batteur du
boléro de Ravel.
avril 26, 2006 | Permalink | Commentaires (9)
En attendant le verdict du procès Moussaoui
Le dessinateur du procès a découvert le soduku sudoku. Le reporter du Los Angeles Times attaque son deuxième roman. Des journalistes commencent à faire des reportages sur ce que les autres journalistes pensent du procès. Une équipe de télé filme la bétonneuse du chantier en face du tribunal. La secrétaire de la juge a dit à quelqu’un qui a dit à quelqu’un que trois jurés sont venus en jean, il ne devrait pas y avoir de verdict aujourd'hui : la rumeur dit qu'ils s’habillent pour les grands jours.
avril 26, 2006 | Permalink | Commentaires (6)
Petits mots
Sta demande dans le commentaire précédent à en savoir plus sur cette histoire de dictionnaire au procès Moussaoui. C’est vrai : les jurés enfermés qui font appel à la juge par petits mots ont demandé aujourd’hui à avoir un dictionnaire. « Ca y est, ils font un scrabble… », se sont inquiétés les journalistes qui poireautent dehors.
Dans leurs délibérations, les jurés cherchent à s’entendre sur chaque mot du formulaire du verdict. Pour la première partie du verdict, ils avaient déjà demandé des éclaircissements sur les « armes de destruction massive ». La juge leur a refusé le dico : les jurés ne doivent pas enquêter par eux-mêmes. Elle leur a dit qu’ils pouvaient continuer à lui faire passer des petits mots pour demander des définitions de terme. Curieusement après ça, aucune demande n’a été faite.
Une journaliste américaine avec 20 ans de procès derrière elle m’a dit avoir déjà assisté à un procès où le jury avait fait passer un petit mot pour demander la définition de « raisonnable. » Comme dans « hors de tout doute raisonnable » (beyond a reasonable doubt), lorsqu’on dit que les accusations du procureur doivent avoir été prouvées « hors de tout doute raisonnable. »
avril 26, 2006 | Permalink | Commentaires (2)
En attendant le verdict du procès Moussaoui
Pour tous ceux qui me demandent quand les jurés du procès de Zacarias
Moussaoui doivent rendre leur verdict, la réponse est qu’on ne sait pas.
Ce matin, pour tuer le temps, on
s’est interrogé les uns les autres. D’où il ressort des prévisions
comprises entre demain et le 2 mai. Avec un pic, de 8 personnes sur 14 pour
mercredi. Une consoeur américaine a noté que les dates les plus tardives
étaient celles de Français (« vous vous faites une idée plus élevée de nos
jurés que nous »).
Quant au contenu du verdict, les avis étaient également divisés.
« Alors cela prouve que cela sera une peine de prison à vie puisqu’il faut
l’unanimité pour la peine de mort. » a remarqué la même consoeur. Mais
Arnie-le-dentiste, le seul d’entre nous à vivre à Alexandria, et donc
susceptible de faire partie du jury, s’attendait lui à ce que les jurés
choisissent la peine capitale…
Plutôt que de disséquer mon échantillon représentatif de rien d’autre que
des gens qui se lèvent tôt, deux avis me semblent plus
significatifs : ceux de personnes de l’équipe de la défense qui m’ont dit penser
que Moussaoui était cuit. « Si ces jurés ont eu besoin de seulement 17
heures de délibération pour rendre le premier verdict qui posait une question
complexe, c’est signe qu’ils savent déjà ce qu’ils veulent répondre à celui-ci. »
J’ai pronostiqué l’inverse, mais je crains que ça en dise plus long sur mon
éducation catholique que sur la qualité des dernières plaidoiries.
avril 24, 2006 | Permalink | Commentaires (6)
Devant le tribunal
J’étais assise par terre, l’ordinateur sur les genoux, à attendre au petit
matin l’ouverture du tribunal d’Alexandria quand Deirdre, une consoeur d’une
radio américaine, est arrivée. J’étais d’assez mauvais poil. « I lost my
notebook. » Elle me regarde sans rien dire, l’air effondrée :
« I’m sooo sorry. » Je suis contente qu’elle compatisse : j’avais
dans mon dernier carnet trois jours de notes de compte-rendu du procès. Aaaah,
fait Deirdre l’air franchement soulagé, «I thought you said « I lost
my husband»». Elle me
dit qu’elle avait été surprise que je lui annonce une nouvelle pareille tout en
continuant à taper sur mon ordinateur. Deux autres journalistes qui boivent
leur café dans des gobelets en carton ouvrent un débat pour savoir s’il vaut
mieux perdre son mari ou ses carnets. Tout à coup, je me souviens effarée, qu’à
côté de nous, une proche de victime du 11 septembre attend elle aussi de
rentrer dans le tribunal. Je jette un œil vers elle. Suzan est morte de rire.
PS : j’ai retrouvé mon carnet (mais pas mon mari)
avril 21, 2006 | Permalink | Commentaires (13)
Moussaoui passe sur le divan
Zacarias Moussaoui parle souvent de ses rêves. Celui d'écraser un avion sur la Maison Blanche qui avait tellement plu à Oussama Ben Laden ("souviens toi de ton rêve" lui avait-il dit en encouragement).
Depuis quelques années, il fait un autre rêve, très précis. Le président George Bush convoque une conférence de presse, mondiale. Il annonce que Zacarias Moussaoui est libéré de prison. Moussaoui est conduit à l’aéroport de JFK à New York, où l’attend un Boeing 747, tout première classe, sans tabac, sans alcool et sans femmes. Et cet avion l’emmène à Londres. là, Moussaoui écrit un livre. Et puis il repart vivre dans les montagnes d’Afghanistan. Ce rêve, on en trouve la trace dès sa première rencontre avec un psychiatre appelé par le gouvernement. Et cette semaine, un de ses gardiens de prison est venu témoigner qu’il n'arrêtait pas de l'entendre.
Le procureur a essayé de faire dire à Moussaoui que bien sûr, il n’était pas vraiment sérieux, que cela faisait partie de "sa propagande" comme il aime appeler tous ses petits excès. Mais cette fois, Moussaoui qui pourtant ne rate jamais une occasion d'aider l’accusation, a dit si, si j’en suis sûr à 100 %, il y croit "autant que vous croyez que le 11 septembre a bien eu lieu".
Depuis deux jours, les deux camps se disputent à coups de psys et d'experts l'interprêtation du rêve de la libération de Moussaoui par Bush. Pour ses avocats, cette certitude prouve que Moussaoui est un malade mental. Trois psys ont expliqué que voilà bien un signe de schizophrénie.
L'accusation y cherche une lecture plus pragmatique : en bon soldat d’al-qaïda, Moussaoui espère faire partie d’un échange de prisonniers. Elle dit que chez les fondamentalistes musulmans, ça n'est pas rare d'être drivé par ses rêves. Oui mais rétorque un expert de la défense, normalement ces rêves là sont supposés être humble ("esclave d'allah...") et ce n'est pas le cas de ceux de Moussaoui ("je savais que j'étais le pilote parce que je portais un costume de pilote" a t-il dit de celui dans lequel il crashe un avion sur la Maison Blanche).
A chaque fois que le rêve de la libération par Bush
est évoqué, Moussaoui qui fait beaucoup d’efforts pour avoir l’air raisonnable (de peur que la défense arrive à le faire passer pour fou) fait de grands oui oui approbateurs de la tête en souriant, l’air de dire, vous verrez
bien quand il viendra me libérer...
avril 20, 2006 | Permalink | Commentaires (6)
Quelques signes que le procès Moussaoui touche à sa fin
(Pour ceux qui ont fait remarquer que ce blog devenait un peu monomaniaque)
Des journalistes sont partis au procès Enron, les cris de Moussaoui en quittant la salle sont de plus en plus tirés par les cheveux (« WTC, Word Terrorist Crème ») l’avocat Edward MacMahon trimballe un livre de Maureen Dowd sous le bras, le banc des familles des victimes est aux trois quarts vide, Arnie-le-dentiste s’est renseigné sur le prochain procès du gang M-13 qui commence en mai, je surprends de temps en temps des jurés les yeux fermés surtout pendant les témoignages d’experts médicaux-sociaux, quand je fais biiip sous le portail de sécurité les agents ne bougent pas (« encore vos chaussures… »), Moussaoui regarde l’heure de plus en plus souvent (comme si on allait le mettre en retard pour son prochain rendez-vous)
avril 18, 2006 | Permalink | Commentaires (8)