Levez-vous et ne regardez pas
Je vous avais
raconté le premier jour du procès Moussaoui ma surprise dans
l’ « overflow room » quand on s’est levé face à des écrans de
télévision pour la retransmission de l’arrivée de la juge dans la salle d’à
côté. Mercredi, j’ai été encore plus ahurie quand on nous a dit. « Levez
vous pour l’arrivée des jurés. » Les 17 jurés du procès doivent rester anonymes et les
caméras, dans la salle où se tient le procès, sont braquées de telle sorte qu’ils
restent toujours hors champ. Nous nous sommes docilement levés face à des
écrans où il ne se passait rien.
Quant aux autres
jours, quand j’étais dans la salle principale, ne comptez pas sur moi pour vous
les décrire. C’est interdit. Les dessinateurs n’ont plus n’ont pas le droit de
les dessiner. La juge a tenu à ce que leur anonymat soit entièrement protégé,
elle les appelle par des numéros. Ils se retrouvent le matin à un point de
rendez-vous confidentiel, d’où ils sont escortés par des agents de sécurité
jusqu’au tribunal.
Si ce que je peux
vous dire, c’est qu’ils sont neuf hommes et trois femmes. C’est un choix (au
moins de la défense). Le premier jour du procès, une personne de leur équipe
m’avait dit qu’ils pensaient qu’un jury masculin se laisserait peut-être moins
porté par toute l’émotion des témoignages des victimes de la deuxième partie du
procès (les hommes sont rationnels, c’est bien connu, alors que des femmes le
condamneraient à mort à cause parce qu’elles n’aiment pas le vert olive de sa
combinaison) et que des hommes se laisseraient moins impressionnés par les
déclarations glaçantes de Moussaoui. J’ai repensé à ce qu’elle m’avait dit
quand il a expliqué qu’il n’y avait pas besoin d’entraînement pour trancher une
gorge, que n’importe qui pouvait le faire.
Un confrère
américain amer d’être sorti de l’ascenseur trop tard de l’ascenseur pour avoir
accès à la salle principale et voir les têtes des jurés pour les dernières
plaidoiries me disait mercredi « de toutes façons, c’est pas grave, c’est
un jury qu’on ne peut pas lire. » C’est assez vrai. Ils sont extrêmement attentifs, ils prennent des
notes. Dans les moments les plus captivants, ils s’avancent un peu sur leur
siège. Mais ils montrent très peu d’émotion. Ils sont rentrés chez eux pour le
week-end et reviendront lundi reprendre leurs délibérations.
avril 1, 2006 | Permalink
Commentaires
Je te remercie pour tes notes que je trouve fascinantes et bien au-dela de ce qu'on trouve ailleurs. Ne les raccourcis pas!
Rédigé par : Sedulia | 7 avr 2006 13:52:03
si si, tu peux quand même raccourcir un peu en enlevant le doublon dans "sorti de l'ascenceur trop tard de l'ascenseur" (dernier §). Là y a ... comme une toute petite longueur qu'on peut raccourcir un peu en longueur.
Rédigé par : diouldé | 9 avr 2006 17:51:28
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