Le Bibendum à New York
Hier soir, on était tous au Guggenheim pour la
sortie du Michelin des restaus new yorkais. C’était très étrange. Un homme
déguisé en bibendum dansait sur le dernier tube de Beyonce. Jean-Marie Messier,
déguisé en rien, se promenait devant des tableaux de l’avant-garde russe. Les
guides sont arrivés, descendant du colim
açon du musée, portés sur des plateaux, comme les dim sums de l’apéritif, mais en
plus majestueux, et tout le monde s’est jeté dessus, comme sur les dim sums de
l’apéritif.
Le New York
Times* et les quotidiens new yorkais se sont faits l’écho ce matin des premières critiques du Michelin, comparant ses résultats avec ceux du Zagat, la bible culinaire des new yorkais : les restaurateurs (ceux qui ont pas eu d'étoiles) se plaignent d'une sélection trop française du guide français, pas assez appréciative des
cuisines ethniques new yorkaises, et de l'absence de restaus hors de Manhattan.
Au-delà de ces remarques, une différence qui me semble bien plus fondamentale, c’est que le Zagat est constitué de critiques de lecteurs («the popular Zagat Survey whose scores are completely democratic» dit le Daily News) tandis que le Michelin fait appel à des spécialistes. Le New York Times parle de «those who cannot quite understand why a few kudos from a French tire company with a pneumatic mascot might assume such importance.” Pour élever le débat au dessus des dim sums de l'apéritif, cette distinction me paraît assez révélatrice des différences France-Amérique : les Américains me semblent accorder plus de poids à l’autorité des pairs tandis que nous valorisons plus volontiers les experts. Quand des jurys populaires tranchent des grandes affaires, on n’entend jamais ici de critiques remettre en question le fait que des décisions importantes soient prises par des groupes de clampins. Et en campagne électorale, on dézingue volontiers des élites pour valoriser Joe Six-Pack (le Raymond Bidochon américain).
* L’article contient tous les mots que les
journalistes américains utilisent pour donner une french touch à un
papier : « mais oui », « bien sûr », « mon
dieu »
Add sur le même sujet : ma voisine de bureau me fait remarquer que les Américains vont beaucoup plus volontiers que nous sur les sites forums de consommateurs pour consulter leurs avis avant de faire un achat. Selon elle, les Français s'y mettent, mais ils y participent beaucoup moins.
novembre 3, 2005 | Permalink
Commentaires
Je te conseille d'aller voir les avis de consommateurs, ca vaut le detour pour les restos les seules choses qui comptent sont un service ultra rapide et la taille des portions (et bien oui il y en a que ca inquiete de quitter le resto encore affame). Personnellement je lis plutot les reviews editoriales sur le city search, peut etre par habitude francaise, mais surtout parce qu'ils incluent des comments sur le decor, l'ambiance et le vin.
Rédigé par : Audrey | 3 nov 2005 22:38:51
J'ai vu que Peter Luger avait recu une etoile... J'avais pourtant pas trouve ca genial. Mais bon je pourrais desormais dire que j'ai mange dans un restau etoile !
C'est super pratique les avis de consommateurs en ligne, sur Amazon deja je trouve que les avis sont super detailles, pareil pour epinions.com.
Rédigé par : Estelle | 4 nov 2005 01:43:36
Moi, je vous conseille les restos grecs du quartier Saint Séverin à Paris.
D'accord c'est pas original, c'est "trop" touristique, mais la nourriture est fraiche vu le débit, et le cadre des rues moyenageuses est exceptionnel pour qui sait lever la tête.
Compter 10 € TTC (mais bien se mettre d'accord sur mes menus disponibles avant d'entrer)
Préferer le dimanche midi où vous serez reçu comme un roi : il n'y a presque personne.
Je me sens plus à l'aise ici, plus que dans des restaurants à étoiles comme Lasserre où vous êtes surencadré par des serveurs (et des clients) arrogants, qui vous accompagnent jusqu'aux toilettes!
Voilà, c'était un conseil de la France d'en bas.
Rédigé par : Oxymoron | 4 nov 2005 07:10:12
Une fois de plus, les Américains ne peuvent pas supporter l'idée que des Francais donnent leur avis sur leur sacro-sainte bouffe new yorkaise. Je fais davantage confiance à Bibendum qu'à un clampin de e-pinion qui ne fait pas la différence entre un Bordeaux et un Cote du Rhone et qui s'extasie parcequ'il boit du Cabernet-sauvignon ou du Merlot sans savoir que les deux peuvent produire le cas échéant un très médiocre Bordeaux.
Rédigé par : ruth | 4 nov 2005 08:53:38
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